Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Reçue à Montélimar, le 05 août 1573. Répondue le 06 août 1573.
2Monsieur de Gordes, tant par le rapport que m’a faict le sieur de Virieu, que
3par voz lettres et coppye de la requete qui vous a esté presentée par le depputé des
4gentilzhommes et autres de la nouvelle oppinion qui ont pris les armes en mon
5pays de Daulphiné ; et par la responce que leur avez faicte, jay sceu quelle est
6lintention desdits de la nouvelle oppinion et tout ce qui s’est passé entre vous
7et eulx ; et par ce que depuis le partement dudit sieur de Virieu, vous avez receu
8la coppye de mon edict de paciffication, lequel je vous ay mandé leur
9communicquer, je desire scavoir quelle resolution ilz auront prise sur icelle
10avant que de vous renvoyer ledit sieur de Virieu, souhaitant grandement quelle
11soit telle que la doibvent avoir tous bons et obeissans subgectz, affin de
12pouvoir, par le moyen dudit edict, aussi bien remectre le repos en mondit pays
13de Daulphiné, comme es autres provinces de mon royaume. Je suis bien
14asseuré que vous n’aurez obvié à leur representer dextrement et vifvement
15toutes les considerations neessaires pour les randre cappables du merite du
16benefice dudit edict, et aurois un très grand regret quilz fussent si mal
17conseillez que de le negliger et s’en rendre indignes. Ledit sieur de Virieu
18m’a proposé permectre ausdits de la nouvelle oppinion depputer vers moy un
19d’entre eulx pour me faire leurs dolleances ; et ce pendant faire continuer la
20suspension d’armes que vous avez accordée, ce que je n’ay trouvé bon parce
21quil m’a semblé estre chose innutille et de trop grand interest, daubtant
22que ayant faict et resolu ledit edict de paciffication, tel que vous avez veu
23cest une loy que je veulx estre generalle pour tout mon royaume et
24servir pour tous mes subgectz de ladite oppinion, n’estant desliberé de
25lampliffier ny changer en aucune sorte et manière que ce soit, et mesmement
26pour le faict de la relligion. Pour ceste cause, le voiage dudit depputé seroit
27infructueux, comme aussi me seroit de très grand interest, et à tout mon
28pays de Daulphiné que ce pendant voz forces demeurassent innutilles # [bas de page : # et celles que je vous envoye] ;
29au moyen de quoy vous regarderez de vous resouldre et comporter selon que
30ilz vous en donneront occasion et que je le vous ay mandé, si lesdits
31de ladite oppinion, après avoir receu mon vouloir et obey à mondit edict,
32vouloient envoyer par devers moy quelqu'un dentreeulx pour leurs affaires
33particullières, vous leur direz que ceste chose quilz peuvent faire, et leur
34en donnerez le moyen les asseurant que je recepvray tousiours benignement
35[141 v°] leur requeste et feray faire sur icelle telle provision en justice, quilz
36auront cause d’en demeurer contans et m’en remertier. Au demeurant
37je vous ay envoyé mes commissions pour recouvrer deniers pour faire faire
38monstre aux deux compagnyes de gensdarmes qui ont servy près de
39vous et subvenir aux autres despenses plus necessaires. J’estime
40que mesnagerez si bien le tout que je seray servy comme il appartient,
41pryant Dieu, monsieur de Gordes, quil vous trouve en sa sainte
42garde. Escript à Paris, le XXIXe jour de juillet 1573.
43Charles
44de neufville secretaire